Délocalisation !

Je poursuis mon activité épistolaire sous d’autres cieux.

J’aurai grand plaisir à vous retrouver à cette adresse .

Mamouchka.

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Qui a éteint les Lumières ?!

A l’occasion d’un débat au sujet d’une énième ré-édition d’un ouvrage, je me suis faite la réflexion suivante « mais c’est le retour au Moyen-Age ! ». L’œuvre présentée (à vocation scientifique !) se contentait de reprendre la somme des connaissances sans même tenter un examen critique ni aucune mise à jour, comme à l’époque … J’étais abasourdie !

A la suite de quoi, je me suis rappelée tout ce qui avait fait la richesse de la période historique de la « philosophie des Lumières » afin de la confronter à tout ce qui venait la remettre en cause, à l’époque et de nos jours; car après tous, la Révolution Française et nos Républiques en sont les héritières et portent en elles tous ses principes.

« Au commencement étaient les notions d’Autonomie, d’Humanisme, d’Universalité … »

En effet, cette philosophie exalte l’Autonomie de l’Homme face au Dogme pour analyser des faits par la Raison.

Il s’agit également de porter l’Idéal selon lequel l’Homme est au cœur des préoccupations de savoir et de progrès : tout doit être entrepris pour qu’il vive mieux.

Enfin, l’Universalisme qui fait que, malgré ses différences, il se dégage des Hommes et de leurs sociétés, des « constantes ». A titre d’exemple, je rapporterais la définition du contrat de vente que fit le tout nouveau Code Civil en 1804, article 1583 (dit « code Napoléon » mais qui doit tout au jurisconsulte Potier !) : « La vente existe dès l’accord sur la chose et le prix » … peut importait la forme que privilégiaient les provinces, il fallait retrouver dans les comportements, l’expression, la matérialisation de deux consentements librement donnés pour qu’une chose passe d’un patrimoine à un autre en contrepartie d’une somme d’argent.

Pourtant, de nos jour, l’Universalisme devient un gros mot !

Chacun veut se voir reconnaître sa spécificité, oubliant à la base qu’il est un Homme … Le reste, sa différence, n’est que Culture et Education, fond commun, somme de connaissances de soi, représentation de soi et de sa relation au monde, évoluant au gré des confrontations aux autres et aux techniques. Montesquieu l’expliquait dans « L’esprit des Lois ».

Tous ces acquis, aujourd’hui sont en cours de détricotage et tout est à reformuler face aux enjeux actuels, car il ne s’agit pas de revenir au XVIII ème siècle, nous serions alors victimes d’un coupable anachronisme dogmatique ! Il faut vivre avec son temps à la lueur des principes dégagés autrefois.

Qu’a donc été cette formidable époque des Lumières ?

Le XVIIIè siècle est riche en innovations intellectuelles. Le mouvement émerge en France, puis s’exporte à travers l’Europe et a un tel rayonnement qu’il porte les peuples jusqu’à la Révolution.

Bien qu’il s’agisse du XVIIIème, ce mouvement se situe plus particulièrement entre deux dates marquantes :

  • l’an 1715, à la mort de Louis XIV
  • le 18 brumaire, avec le coup d’état de Napoléon.

Alors, le philosophe devient « à la mode » !

Cependant, la notion de philosophe n’est pas nouvelle. L’Antiquité le glorifiait déjà avec les Grecs (à travers le « savant ») et les Romains (plus sensibles au parfait « orateur »).

La notion de philosophe est liée à celle du « savoir encyclopédique » (comme si nous pouvions connaître la totalité des choses et le volume du savoir « fini » !).

La notion est également issue de l’exigence idéale du siècle précédent (17ème s) à savoir « l’honnête homme ».

Le mélange des deux fait qu’au 18ès, le philosophe est un homme sage (comme les grecs, étymologiquement) car il raisonne sur des faits dans le seul but de rendre le monde meilleur (pour les gens, dans leur tête, leurs conditions de vies, par les savoirs et les techniques, en référence au 17ème s).

Comment ce courant a-t-il pu émerger, s’épanouir et se répandre à travers l’Europe ?

C’est qu’il a bénéficié d’une conjonction favorable :

  • Le pouvoir royal de Louis XV, en se montrant distant envers les dossiers, a permis la montée en puissance de groupes qui s’en sont « emparés » (le parlement et la noblesse).
  • La situation économique s’est trouvée florissante grâce à des réformes administratives (moins de charges vénales pour les « services publics »), de grands chantiers de rénovations (marine, armée, justice) et l’extension des colonies couplée à la traite d’esclaves (à noter qu’eux semblent exclus de l’Humanité …) favorisant le commerce triangulaire fort lucratif.
  • Les affaires sont traitées par des Bourgeois pratiquant l’honnêteté, ce qui assure une solide expansion économique. Les dettes de l’Etat s’apurent et la monnaie se stabilise. La seule ombre au tableau sera la banqueroute du système Law.
  • Enfin, il existe une certaine tolérance religieuse après les rudes relations entre Jansénistes et jésuites. L’Eglise Catholique, elle, connait un certain renouveau.

Il ne faut pas oublier aussi la perte du prestige de la personne du roi parce qu’il a deux maîtresses officielles non nobles de naissance …

Le profil du philosophe reste malgré tout « protéïforme », parce que porté par de grandes figures (d’Alembert, Condillac, Condorcet, Diderot, le chevalier de Jaucourt, Montesquieu, Rousseau, Voltaire …) particulièrement marquantes (idées, influences et travaux entrepris, telle l’Encyclopédie).

Malgré tout, la vie d’un philosophe n’a rien d’un cours tranquille : la censure veille, la police aussi (prison, exil, galères). Pour réussir, il faut « ruser » : pratiquer l’ironie, publier à l’étranger (en Hollande à l’époque), sous couvert d’anonymat, voire sous le manteau, ou trouver un puissant et généreux mécène parmi l’aristocratie ou la très haute bourgeoisie qui « tient salon ».

Les publications philosophiques revêtent des formes très différentes, afin de plaire et distraire son public tout en l’éduquant : innovantes (telles « les confessions » de J.J Rousseau), ou remises au goût du jour (l’Encyclopédie) voire renouvelées (pamphlets, romans, contes philosophiques, dialogues, lettres, essais).

Les idées et débats ouverts à ce moment là vont se concrétiser politiquement lors de la Révolution Française de 1789, avec, entr’autre, la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen affirmant la liberté d’expression comme droit fondamental.

Divers courants intellectuels et politiques s’exprimeront alors, tels le libéralisme (économique et politique, d’après Montesquieu) le rationalisme (dérivant en matérialisme), la sensibilité selon Diderot, Condillac et Locke (dérivant en sensiblerie), l’Athéïsme (D’après Voltaire et Diderot).

Cependant, il faut savoir que dès l’origine, ses promoteurs attiraient l’attention de tous sur les risques de dérives et de remises en cause intrinsèques susceptibles de se développer si une vigilance toute particulière n’y était pas portée !

Montesquieu et Rousseau l’avaient souligné et cela s’est avéré avec Robespierre, lorsque l’intransigeance de la Vertu devint un dérèglement de l’idéal du Déïsme de Voltaire et de la Sensibilité si chère à Rousseau. Les XIX et XX ème s. l’ont également parfaitement illustrés, hélas avec le nationalisme xénophobe, le colonialisme et le totalitarisme.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui, en France, en Europe et dans le Monde ?

Nous savons ce que nous devons à ces Lumières dans nos démocraties modernes.

Grâces soient rendues à Montesquieu qui, dans son ouvrage « L’esprit des Lois », a su dégager et imposer la notion de séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire).

Remercions également Rousseau avec son « Contrat social » expliquant que la Nation s’exprime au Parlement, dans le suffrage universel et que le gouvernement est là pour le Bien Commun …

Quant à Voltaire, il a su jouer de l’ironie et du mordant pour que nos certitudes soient toujours passées au crible de l’esprit critique que chacun se doit de cultiver pour rester un Homme libre, seul maître de son destin.

« L’Instruction» est devenue une affaire d’Etat sous la III ème République, pour que la soif de savoir soit étanchée pour tous (filles ou garçons) et réellement accessible à tous, par sa gratuité.

Pour dégager cette aspiration au Savoir, des Dogmes et des supersitions, cette même Instruction est devenue Publique et Laïque, au grand dam de l’Eglise qui voyait lui échapper la formation des «esprits » …

Sans oublier la création de formations supérieures, universitaires vouées à la Recherche. La Révolution l’avait initié avec ses nombreux instituts et sociétés savantes, les Républiques l’ont institué à travers nombres d’organismes aujourd’hui bien mis à mal .

L’individu a eu droit à sa quête du bonheur et à la liberté d’expression.

Pourtant, il apparaît de plus en plus clairement que les Lumières s’éteignent … victimes de leur succès, peut-être, mais surtout dévoyées par ceux-là même qui ne les ont jamais acceptées pour cause d’intérêts contraires et contrariés, porteurs d’obscurantisme et de superstitions.

« A la chute, étaient les notions d’Abêtissement, d’Ignorance, de Particularisme … »

Quelles parallèles historiques est-il possible d’établir ?

Pour se replacer dans le contexte historique afin d’opérer une comparaison avec l’époque actuelle, il faut admettre que le pouvoir présidentiel a pris de l’ascendant au point de parler d’hyper-présidence à la suite de diverses réformes constitutionnelles, quoi qu’en disent certains, parce que dans le même temps le Parlement s’est transformé en chambre d’enregistrement du fait du recours quasi permanent à la procédure d’urgence.

Les partis politiques connaissent plus de dissensions internes que de débats et ne portent plus les aspirations des électeurs. Cela, à tel point que les votes au profit de formations extrémistes devient une forme de protestation citoyenne (faire peur aux politiciens en place) au risque de basculer dans le chaos si les résultats des urnes protestaient trop fort et où les récurrentes émeutes de banlieues deviendraient alors d’aimables plaisanteries.

L’activité économique s’est déplacée vers l’Est : tout s’y produit ou s’y vend. C’est là qu’il faut être pour avoir. Nous assistons à de nouvelles routes commerciales vers l’Asie qui draine les ressources et les énergies afin de produire les biens et les services pour elle ou pour le reste du monde.

Là-bas, l’activité économique est florissante !

Malheureusement, nous n’en profitons pas pour de multiples raisons, telles que :

  • la production ne se fait plus chez nous
  • les dividendes réintégrés aux maisons-mères sont défiscalisés et ne sont donc pas profitables au budget de l’Etat ni aux services publics. Par contre, ils restent distribuables aux actionnaires.
  • Le pouvoir d’achat ne progresse pas alors que les prix augmentent et que les « tentations » demeurent et se renouvellent.

Quant à l’honnête pratique des affaires si chère aux bourgeois de l’ancien temps, je n’ose même pas en parler, tant les scandales, les mélanges des genres, pour ne pas dire les conflits d’intérêts défrayent la chronique chaque mois depuis des années …

Pour finir sur la comparaison, la religion devient un sujet qui fâche ou divise.

Le dialogue inter-religieux est tendu et bien des confessions deviennent des prétextes pour organiser le communautarisme et l’identité culturelle.

Il ne faut pas oublier non plus l’attitude de l’Etat qui revoit sa position sur la reconnaissance de diplômes délivrés par des écoles confessionnelles dont le contenu pédagogique n’est pas forcément sous contrat avec le ministère, ou lance des débats aux thématiques malsaines et attise les rancœurs.

Quelle a donc été l’évolution des notions sur lesquelles s’est bâtie notre société occidentale ?

Dans le domaine de l’analyse économique, les dirigeants des grandes entreprises sont devenus des pratiquants sectaires du chiffre, de la courbe et du résultat avec le soucis de la déréglementation aux risques de catastrophes écologiques ou humanitaires. En plus, je me demande s’ils savent encore à quoi sert le commerce, mis à part de faire des profits pour leurs seules poches ?!

Les bénéficiaires de ces dérives prétextent qu’ils n’ont pas d’autre solution alors que bien des ouvrages d’économistes et de juristes les dénoncent ! C’est de la pensée unique !

Faut-il rappeler la destruction d’une plate-forme pétrolière dans le golfe du Mexique pour des histoires de vanne de sécurité « escamotées » pour des raisons purement comptables ?

Faut-il garder en mémoire la tempête Xynthia, catastrophe amplifiée à cause de digues défaillantes et de permis de construire accordés trop facilement ?

Par contre, ceux-là même qui critiquent « l’Etat tentaculaire, technocrate et liberticide des énergies des entrepreneurs », n’oublient jamais de réclamer aides et soutiens financiers auprès des gouvernants et des contribuables lorsque leur système, parfois digne d’une véritable martingale, s’effondre et éclate comme une bulle qui n’a absolument plus le goût du champagne, au péril des budgets nationaux et de l’économie mondiale…

Un autre aspect du monde du travail révèle l’hypocrisie et le cynisme qui dénaturent la notion d’Humanisme : la mise en gloire de l’esprit d’initiative, de la recherche de la performance sans aucune respiration. L’Homme est au centre des préoccupations … de gains !

Ainsi, la notion de « prise de risque » devient celle du « chacun pour soi ».

A en croire des livres de « management », la peur doit libérer les énergies de survie et mener au succès ! Chacun doit prévoir pour lui-même car rien ne sera fait pour améliorer son sort.

C’est ainsi que nous assistons à l’introduction de droits iniques tel que :

  • le droit au logement opposable obligeant un particulier à trainer en justice (avec l’aide juridictionnelle ramenée à la portion congrue ?!) une commune refusant de le loger dans des habitats sociaux qu’elle refuse d’implanter pour ne pas avoir « des pauvres sur son territoire »,
  • l’obligation pour certains anciens fonctionnaires de souscrire d’autorité à des mutuelles de santé complémentaires privées parce qu’ils passent dans des structures d ‘Etat remaniées relevant désormais du droit privé (EPIC Pôle Emploi).
  • Les diverses réformes de l’Administration (Hôpital, Justice, Droits Sociaux au motif que les caisses sont vides, la faute au bouclier fiscal et à l’insuffisance de cotisations à la suite de volontés d’externaliser et délocaliser nombres de sites de production dans des pays pratiquant le « low cost » social)
  • ajoutant à ce jour la destruction du socle caractérisant les Lumières : l’Instruction Publique au point que des parents s’insurgent et mettent en cause la responsabilité de l’Etat devant les juridictions administratives qui leur donnent gain de cause !

L’Humanisme devient également une gageure ou un prétexte, au gré des besoins.

Il est un prétexte face à des réformes dont le seul but est de remettre en cause les acquis sociaux dans le droit du travail (hiérarchisation nouvelle entre les accords d’entreprises et les conventions collectives, refonte du code du travail au point de mettre à mal tout ce qui faisait la richesse de la convention de Philadelphie au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Il y a du cynisme quand en son nom, des groupes exigent des traitements différents au nom de croyances religieuses, de revendications historiques, ou de droits des minorités (au point de créer des « niches » comme disent les commerciaux des services marketing) avec à la bouche des mots comme « respect des particularismes» ou « droit à la différence ».

Il est une gageure lorsqu’il s’agit de maintenir ce à quoi nous tenons en terme d’avancées sociales (les fameux droits acquis), médicales, etc., alors que le monde évolue constamment et qu’une mise en concurrence s’installe entre des sociétés qui ne fonctionnent pas avec les mêmes règles, principes et idéaux. Nous assistons à une véritable rupture d’égalité. Le jeu n’est pas égal, les dés sont pipés.

Ce n’est pas tant que les valeurs des Lumières soient « irréalistes » comme le prétendent ses adversaires, tenant de la « real politic », mais elles sont dévoyées.

C’est ce à quoi nous assistons avec l’accès aux « clauses commerciales les plus avantageuses » accordé à certains pays selon des accords de l’OMC. Il en est de même avec l’implantation d’unités de fabrication dans des Etats au seul critère du coût social puis que les productions seront intégralement exportées dans le reste du monde.

Je profite d’aborder le thème de la « real politic » pour faire observer que le mot et la notion sont d’origine anglo-saxonne, tout comme la pratique du particularisme et du communautarisme. Il n’est pas choquant pour un anglo-saxon d’établir, par exemple, des statistiques ethniques quand bien même, à force de dresser des segmentations, les résultats aboutissent à des incohérences ou accroissent les discriminations.

L’Universalisme, quant à lui, est taxé de porter la mondialisation, l’uniformité et l’impérialisme.

Nous assistons en fait, par cette affirmation, à stigmatiser un autre choix de développement culturel.

Pourtant, à observer les mouvements sociaux, les révoltes et les insurrections auxquelles nous assistons à travers le monde actuellement (Maghreb, Asie, Europe), nous entendons des revendications qui nous sont communes : liberté d’expression, démocratie … droits de l’Homme !

Il faut donc revenir aux « fondamentaux » !

Il faut également comprendre que le risque de contestation est interne (souvent pour des considérations religieuses) à notre société alors qu’à l’époque des Lumières elles-même, le soucis venait des pays étrangers (comme lors de la coalition des monarques européens inquiets d’une possible « contagion » des revendications sur leur territoire).

Il se dégage ainsi la conviction que les idéaux des Lumières et leur traduction dans des textes de lois ne sont jamais acquis définitivement et restent perfectibles. Kant, en son temps l’avait déjà expliqué dans son ouvrage « Qu’est ce que les lumières ? »

Ce qui me console, c’est que si les Lumières ont existé au XVIIIème s en Europe, elles ont eu l’occasion d’être dans d’autres parties du monde à d’autres périodes. Si nous ne pouvons pas empêcher leurs extinctions ici, elles s’allumeront ailleurs, plus ou moins rapidement car elles portent des notions irrémédiablement à forte valeur universelle.

Mon regret sera que nos jeunes n’en profiteront pas.

Malgré tout, et pour conclure sur une note d’optimisme, je vous propose la lecture de l’ouvrage suivant, récemment paru et auquel je vais m’atteler :

« les trente glorieuses sont devant nous » avec les détails ici !

Mamouchka.

Pour aller plus loin :

Un lien à lire et à écouter AB-SO-LU-MENT !

http://expositions.bnf.fr/lumieres/expo/salle1/index.htm

Il m’a particulièrement aidé à bâtir cet article : je remercie ses concepteurs et ses intervenants !

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Catastrophe naturelle : séisme du 11/03/2011 au japon

Pour ceux qui recherchent des cartes sur l’implantation nucléaire, le tsunami, les écart de magnitude dans l’archipel, voici ces liens :
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/forte-replique-dans-le-nord-du-japon_971075.html

http://www.jma.go.jp/en/quake/20110311145338384-111446.html

Pour ceux qui cherchent à prendre de nouvelles de proches, à défaut de contact, Google met en service ce site bilingue Anglais-Japonais :
http://japan.person-finder.appspot.com/?lang=en

Mamouchka.

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Po hydraulik, kierowca polska !

(Après le plombier, le livreur polonais !)

Il se pourrait que je sois une indécrottable sentimentale !

Politiciens, syndicalistes et juristes ont beau agiter comme une menace la main d’œuvre des récents Etats intégrés à l’Europe, je ne pense qu’à compatir à leurs difficultés de vivre.

Oui, un salarié de l’est coûte moins cher.

Oui, recourir à cette main d’œuvre qualifiée et « low cost » pénalise nos petites entreprises locales.

Oui, il est scandaleux de ne pas appliquer le droit national aux travailleurs étrangers exerçant dans nos frontières.

Mais que je sache, ces gens-là sont victimes du système, tout autant que nous le sommes.

Car ce sont les dirigeants des Etats membres qui exigent et décident de lois libérales socialement contestables.

Car ce sont les structures européennes qui sont dévoyées, à la suite du renoncement à l’idée d’un progrès social protecteur au profit de règles économiques brutales dont l’OMC n’est qu’un prétexte.

Car il n’existe pas de mobilisation, ni de formation syndicale pan-européenne puissante, pour faire front contre ce détricotage préjudiciable aux populations laborieuses et citoyennes…

Afin de mieux illustrer mon propos, voici l’exemple d’un jeune polonais que je connais. Il pourrait s’appeler Casimir, Landislas ou Constantin, mais non ! Son prénom sent bon la Provence, comme échappé d’un roman de Marcel Pagnol !

Nous nous sommes rencontrés au supermarché du coin, au rayon « ampoules ». Parce que je m ‘étonnais d’une spécification technique, voici que ce jeune homme me balbutie en anglais qu’il ne parle pas le français.

Je poursuis donc la conversation dans la langue de Shakespeare. Parce qu’il m’explique que le prix est particulièrement bas (« chez moi, c’est 8 € la boite »), je comprends qu’il n’est pas un sujet de sa gracieuse majesté.

Je me retourne franchement pour l’observer : un « grand » (toute chose égale par ailleurs, je suis un petit gabarit) brun, souriant et gêné.

Je continue mes achats.

Je le retrouve au rayon « linge de maison », à la recherche d’une couette chaude.

C’est qu’il fait froid la nuit dans le camion (nous sommes en janvier, la neige a fondu il y a deux jours à peine). Dans de telles conditions, il est impossible de dormir correctement; sans parler des vigiles des parkings de certains supermarchés qui préfèrent vous voir « ailleurs » …

Il n’existe pas, malheureusement, hors les grands axes, des endroits pour stocker les camions et permettre le repos aux chauffeurs sans ressources. Ils ont beau être « sympas », les routiers ne bénéficient pas, à l’instar des matelots, d’un bienveillant « abris du marin » pour faire escale…

Parce que c’est son premier périple à travers l’Europe (Italie, Espagne, France dans la même semaine) il ne s’est pas préparé au camping. Il n’imaginait pas le froid sous nos « latitudes » latines !

Il n’avait pas les moyens d’emporter un réchaud pour faire la popote… pensant manger dans une gargote pour un prix « polonais ».

Il m’explique sa vie au fil de mes questions.

Son travail est incertain : il découvre sa feuille de route le vendredi soir pour le lundi matin.

Il se repose une semaine après avoir sillonné l’Europe trois semaines ou presque.

Ce travail est ce qui se fait de mieux pour un peu mieux gagner sa vie.

Un jour ici, un autre jour là-bas, une errance à travers un territoire inconnu, sans maîtrise de la langue vernaculaire. Son « fil de vie » est son téléphone avec l’employeur qui peut modifier les dates et lieux de livraison, ou d’enlèvement, des marchandises.

Un vrai forçat du bitume !

J’ignore s’il est équipé d’un GPS. Nous n’avons pas évoqué le sujet.

Son employeur est la filiale d’une grosse entreprise française issue d’un secteur privatisé qui ouvre des succursales de part le monde, afin de satisfaire ses actionnaires, au détriment de ceux qui espèrent améliorer leur vie quotidienne, au plus près d’un rêve d’Europe, à laquelle ils sont politiquement intégrés, sans en profiter véritablement.

Il est Polonais, il migre au hasard des livraisons.

Des membres de ma famille sont issus de cette terre de l’Est.

Nous avons sympathisé.

Je l’ai aidé à s ‘équiper d’une couette et il m’a donné des renseignements sur son pays, utiles à mes recherches généalogiques.

Il n’a plus froid et j’ai enfin localisé le lieu de naissance de mon arrière grand-père.

Nous gardons le contact par courriels professionnels (faut-il être riche en Pologne pour avoir une connexion privée ?).

Nous sommes européens et heureux de l’être.

Mamouchka.

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De la transparence des marchés publics et de l’exemplarité de l’Etat

Ayant entendu parler d’une modification de la couverture sociale des personnels de pôle emploi , je me suis mise en recherche des textes visant la passation des marchés évoqués dans l’article.

Si je suis en mesure de vous expliquer que Pôle-Emploi est doté d’une commission d’aide à la passation des marchés en droit et en fait , je suis dans l’incapacité de produire l’appel d’offre ou même l’attribution du marché.

Pourtant, l’exigence de la loi est forte. Nous assistons donc à un grand écart entre les textes et la pratique :

Les collectivités publiques et leurs Etablissements Publics sont tenus de passer commande au seul moyen de la procédure du code des marchés publics. Les procédures sont multiples mais toujours encadrées par le code .

De plus, dans le cadre de la transparence des procédures, il existe avec l’article 133 du code des marchés publics l’obligation pour les collectivités publiques de publier durant le trimestre de l’année N, l’intégralité des marchés conclus en N-1.

Il est même possible de suivre en direct l’évolution des passations de marchés sur un site officiel .

Lorsque l’on passe sur le site de l’URSSAF pour connaître les sites affiliés, l’un d’eux « Omnikles » m’intéresse parce qu’il regroupe tous les marchés en cours ou passés pour le ministère des affaires sociales.

Hélas, le site annonce la couleur ¹…Rideau, faute de moyens !

Quant au respect de l’article 133 du code des marchés publics, voici ce qu’en fait l’Etat

Pour les salariés du Pôle-Emploi, il reste un avenir sombre concernant la notion de « service public », si j’en crois l’extrait de ce rapport parlementaire relevé sur le site du Sénat :

« La négociation de la convention collective nationale applicable aux agents de droit privé de Pôle emploi s’est achevée le 4 novembre 2009. Le texte a été approuvé par une majorité d’organisations syndicales (FO, CFDT, Unsa, CFTC, CFE-CGC) et pourra donc entrer en application le 1er janvier prochain.

La convention prévoit que les agents de l’ex-ANPE, soumis à un statut de droit public, auront deux ans pour décider s’ils souhaitent conserver leur statut actuel ou opter pour l’application de la convention collective. Pour garantir leur pouvoir d’achat, il est précisé que la rémunération nette annuelle qui leur sera proposée, s’ils exercent leur droit d’option, ne pourra être inférieure à celle qu’ils auront perçue au cours des douze mois précédents. »

Et l’on nous rebat les oreilles avec l’exemplarité de nos dirigeants : de quel exemple s’agit-il ?…

Mamouchka.

Mise à jour :
Il est possible que ce texte de loi soit applicable aux fonctionnaires pré-cités :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000023855176&dateTexte=&categorieLien=id

Mise à jour en date du 03/05/2012 :
¹: Le lien semble hors service à la suite de restructuration, rachat ou autre.
L’Etat dispose désormais d’une belle « plateforme » tandis que le site Omniklès a changé.

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Le gaz de schiste : une bombe écologique, géopolitique et financière

Bienvenu dans cet article qui sent le gaz, l’argent et les tensions internationales, sur fond de crise économique, énergétique et géostratégique.

Tout commence par la convergence d’annonces et publications diverses.

Durant l’été 2010, le gouvernement décide de nouveaux tarifs pour le rachat de l’énergie photovoltaïque produite en France. Depuis le début de l’année 2010, le sujet fâchait les producteurs et les défenseurs des accords du « Grenelle de l’environnement ». Un recours en annulation auprès du Conseil d’Etat est même pendant sur le fond, après son rejet à la suite d’une procédure d’urgence engagée.

Le dix-sept janvier deux mille onze, le Journal Officiel publie un décret autorisant la circulation sur notre territoire de camions de quarante quatre tonnes, alors que nous « plafonnons » à quarante.

Le journal télévisé nous avait préparé à cette modification avec un reportage sur les camions australiens, « longs comme des convois ferroviaires » avait exagéré le journaliste.

Le vingt janvier deux mile onze, un autre décret dissout la commission de sécurité du transport, de la distribution et de l’utilisation du gaz. Là, nous n’avions pas eu d’effet d’annonce.

La logique de toutes ces décisions a éclaté à la lecture du dossier paru dans le « supplément dominical » du Monde du vingt-deux janvier deux mille onze, consacré au gaz de schiste.

A moins, bien sûr, que j’ai mauvais esprit et qu’il ne faut voir là qu’un concours de circonstances.

Je vous propose donc de passer en revue et dans l’ordre les aspects géologiques et financiers (I) puis les enjeux écologiques face à ceux de la géostratégie (II).

  1. Présentation géologique et financière :

A. Le gaz de schiste

Pour comprendre l’appellation, vous n’échapperez pas à un petit cours de géologie !

1. Théorie :

Il existe trois types de roches : les roches magmatiques, les roches sédimentaires, les roches métaphoriques.

Les roches magmatiques se forment lors d’éruptions volcaniques. Le magma (la lave) produira, selon son mode d’expulsion de la cheminée du volcan, sa vitesse de refroidissement etc…, un type de roche (du granite ou du basalte, par exemple).

Sous l’action du vent ou de l’eau et de ses composants chimiques, les roches magmatiques s’érodent. A ce sable qui s’écoule peuvent s’ajouter des résidus organiques (végétaux ou animaux). Tout ce mélange s’accumule suivant le relief, se sédimente, s’agglomère, se cimente formant à la suite des couches de nouvelles formes minérales, les roches sédimentaires .

Mais un tel empilement compresse les couches les plus anciennes et donc à la base de ce « mille-feuilles », les échauffe et recombine les structures minérales au point de former des roches métamorphiques.

2. Cas pratique :

Pour illustrer cette évolution, je vous propose de suivre l’évolution du granite.

Cette roche magmatique composée de mica, de feldspath et de quartz, s’érode et forme des sels alcalins et calcaires qui se dissolvent dans l’eau. A la suite d’évaporation, les sels se sédimentent et peuvent se recombiner en argile. Lorsque cette argile est soumise à la pression d’autres roches venues à sa suite, elle se métamorphose en schiste.

Parce qu’il contient des éléments organiques, le schiste contient des « bulles » de gaz.

Nous voici donc avec du gaz de schiste.

Que les géologues qui me lisent me pardonnent ce raccourci grossier.

Concernant ce gaz de schiste, il s’agit d’un gaz naturel. Mais attention, cela serait trop simple, il n’existe pas un mais des gaz naturels.

La distinction vient de leur origine de formation et de leur type de gisement.

Par contre, du gaz naturel, quel qu’il soit, demeure toujours, à la base, du méthane.

Je vous épargne le cours de chimie ! Encore que …

B. L’exploitation minière :

1. La réglementation :

Pour faire simple, la surface de la terre est à la libre disposition des propriétaires terriens.

Pour le sous-sol, passée la cave, l’Etat s’arroge le droit de disposer du sous-sol selon le code minier.

Rien ne peut être extrait sans son accord.

Dans un premier temps, pour trouver du schiste, il faut « sonder » le terrain datant du carbonifère ou du lias (jurassique inférieur). Et pour prospecter dans les règles, il faut s’adresser à la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (direction ayant récupéré certaines attributions de l’ancienne DRIRE) puis remplir le formulaire (« Déclaration de sondage, ouvrage souterrain ou travail de fouille» appelé il y a encore peu « Fiche de déclaration préalable aux travaux souterrains ») selon les exigences de l’article 131 du code minier.

Lorsque les résultats permettront de passer en phase « d’exploitation », il faudra demander une concession auprès de l’Etat. Elle pourra être accordée par décret en Conseil d’Etat après enquête publique favorable (art.25 code minier). Ce même code prévoit dans son article 26 que cette concession peut être demandée et obtenue durant la phase de prospection, obtenue grâce à un permis exclusif de recherche.

Mais comme nous ne sommes pas encore à la demande de concession, il n’y a pas encore eu d’enquête publique engagée …

Et il faudra attendre l’issue des travaux de fouilles pour que les services techniques du ministère , en vertu de l’article 132 du code minier, informent les maires des communes concernées par les fouilles. Ce n’est pas encore le cas si j’en crois les divers articles de la presse locale du sud-est ou d’ailleurs … Et l’information risque de ne pas sortir au grand jour avant longtemps puisque l’article 134 qui suit permet de garder l’information confidentielle pour dix ans ou plus vis à vis des « tiers ».

Enfin, pour conclure cet aspect juridique, si une concession se limite à une durée n’excédant pas cinquante ans, il est toujours possible d’en obtenir prorogation par tranches successives n’excédant jamais vingt-cinq ans …

2. Les sociétés impliquées

Il y a beaucoup de monde !

Dans un premier temps vous pouvez consulter le document au format pdf du « Bureau Exploitation Production des Hydrocarbures » à la page 17. Il date de Novembre 2009.

Il existe également une carte interactive des données pétrolières sur le site de ce ministère.

En vrac, je peux vous citer :

Total, Denvon Energy, Schuepbach energy LLC (Dallas Texas), GDF-Suez, Chesapeake Energy, Dale, Toreador Ressources, Hess, Le consortium Gash et IFP Energies nouvelles.

Pour le sud de la France, je vous renvoie aux permis eux-même :

Permis de Montélimar ; Permis de Nant, Permis de Villeneuve de Berg


II. Enjeux écologiques contre enjeux géostratégiques :

A. Les méthodes d’exploitations

1.L’exploitation des « puits » :

a. La technique :

Pour les amoureux de la technique de fracturation je vous renvoie ici.

Pour ceux qui ne comprennent qu’avec un schéma, je vous recommande ce site.

Pour résumer, le sous-sol comporte diverses roches et n’est pas constitué d’un bloc. Il est parcouru de failles. Celles qui traversent les couches de schiste permettent la remonté du gaz. Seulement cela ne suffit pas en terme de « débit » parce que ce gaz est stocké dans les pores de la roche.

Il faut donc « l’aider » à se concentrer dans de plus grandes poches puis à remonter pour sortir dans les meilleures conditions pour les industriels.

La technique, développée par la société Halliburton, s’appelle la « fracturation hydrolique » (fracting).

Il s’agit de créer des failles à l’aide de détonations souterraines par explosif, comme autant de mini-séismes. Pour que la faille ne se referme pas à la suite d’un effondrement sur elle-même, de l’eau, du sable et des billes de céramiques sont injectés.

La pression est de six cents bars et il faudrait entre sept et quinze mille mètres cube d’eau (7 à 15 millions de litres) pour chacune des failles. Sachant qu’il faut plusieurs failles pour qu’un puits produise beaucoup et durablement et qu’il est possible d’implanter un puits tous les deux ou cinq cents mètres… vous imaginez les volumes d’eau nécessaires.

Les failles doivent converger vers les puits pour que le gaz remonte, mélangé au sable, l’eau et toutes les matières rencontrées dans les diverses couches traversées…

Le forage peut être particulièrement profond, de un à quatre kilomètres semble-t-il.

b. Les risques écologiques de cette exploitation :

  • De par les produits utilisés :

Le gaz est volatil (moins dense que l’air). Il peut exploser avec un effet de souffle.

Si elle converge vers le puits, la faille peut également se prolonger vers une autre direction et déboucher dans une nappe phréatique, par exemple, jusqu’à votre robinet d’eau, comme des Texans de Fort Worth en ont fait la terrible expérience (documentaire « gasland »).

Les résidus remontés à la surface peuvent être de la famille des hydrocarbures ou des métaux lourds.

De même, l’eau utilisée pour l’injection n’est pas forcément « potable » et peut se charger de sels de divers minéraux.

Pour garantir l’étanchéité des puits, des films plastiques sont prévus mais pas forcément fiables.

  • De par les risques d’accident lors de l’exploitation ou du transport des matières :

Je vous envois à des exemples relevés sur le continent américain.

2.Le transport du gaz

a. Par camion-citerne :

Aux Etats-Unis et au Canada , tout se fait par camion-citerne.

Si vous transporter le gaz sous forme liquide dans une citerne, la contenance peut varier de 40 à 60 m3 avec deux ou trois essieux (la « barre » qui relie la roue gauche à celle de droite, avec une indication de poids maximal autorisé selon le modèle…).

Transporter du gaz liquide permet de remplir la citerne … mais c’est lourd et délicat à manier dans les virages. Des accidents peuvent survenir et entrainer ce que l’on appelle une boule de feu de gaz liquide qui irradie tout sur son passage, sur plus de un kilomètre et demi à la ronde … Le BLEVE pour les anglo-saxons. Et encore, mon exemple ne vous parle que de bombonnes de gaz propane moins calorifère que le méthane …

Avec la modification prévue du « tonnage » des camions évoquée en introduction, je me suis renseignée auprès de chauffeurs routiers.

Le « quanrante-quatre tonne » est utilisé dans de nombreux pays européens. Il s’agirait donc d’une harmonisation communautaire. Il y aurait des discussions entre spécialistes et professionnels portant sur l’intérêt de passer de cinq à sis essieux (deux pour le « tracteur » et trois ou quatre pour la « remorque ») pour faire face à la surcharge. Le choix n’est pas neutre en terme de surcoût, des pneumatiques, entr’autre.

En France, les camions de plus de quarante tonnes circulent déjà. Ils vont de quarante-huit à cinquante deux tonnes et concernent surtout le matériel agricole (pour les betteraves ou les moissons) ou aéronautique (Airbus et ses tronçons d’avions), tous équipés d’un ou plusieurs gyrophares oranges.

Quant aux longueurs des « convois » elles s’échelonnent de treize à dix-neuf mètres pour la seule remorque. Il ne faut jamais tenir compte de la longueur du « tracteur ».

Tout dépassement de tonnage requiert l’autorisation préfectorale de circulation, selon un itinéraire imposé.

b. par canalisation :

Pour le gaz devant circuler dans des canalisations, il fallait, depuis le décret du 4 janvier 2006, passer par la commission de sécurité du transport, de la distribution et de l’utilisation du gaz, regroupant des techniciens et des producteurs. Cette commission devait donner des avis sur toutes les questions techniques que lui soumettait le ministre chargé du gaz.

Pour ce dossier, il faudra se contenter du rapport de la direction générale de l’énergie et du climat parce que cette commission a été dissoute par un décret du vingt janvier deux mille onze.

Avec le décret du quinze octobre mille neuf cent quatre-vingt-cinq, les canalisations sortant du puits pour intégrer une zone de stockage (de type « sphère ») relèvent de l’autorisation ministérielle ou préfectorale selon divers critères. C’est trop technique pour que je puisse développer.

Maintenant que les aspects techniques sont passés en revue, voyons comment sera politiquement abordé le dossier.

Selon l’article 31 du code minier « Les titulaires de concessions de mines hydrocarbures liquides ou gazeux sont tenus de payer annuellement à l’Etat une redevance à taux progressif et calculée sur la production. Cette redevance est due rétroactivement au jour de la première vente des hydrocarbures extraits à l’intérieur du périmètre qui délimite la concession. Le quart du produit de cette redevance est versé à la caisse autonome nationale de sécurité sociale dans les mines. »

Si ces forages représentent l’avenir énergétique, cette « manne » (En pourcentage de la valeur
de la production départ champ) ne peut pas laisser indifférent en ces temps où l’état financier de notre pays nous est présenté comme « catastrophique » voire « quasi en faillite »…

B. Le « dessous des cartes »

1.Le choix énergétique fossile :

L’Europe est fournie en gaz naturel dit « conventionnel non associé » et livrée par gazoducs ou méthaniers.

Pour des informations plus techniques sur le gaz et son exploitation, je vous renvoie à cette page.

Préférer le gaz à la production d’énergie renouvelable est une « solution de facilité ».

Les infrastructures sont déjà en place et les industries du secteur particulièrement puissantes ne souhaitent pas investir dans des domaines qu’elles maitrisent moins technologiquement et qui pourraient remettre en cause leur puissance économique.

D’ailleurs, la bourse surveille attentivement les prospections de Total dans le sud de la France et les sociétés Nord-Américaines prennent quelques liberté avec la réglementation et les consignes de sécurité.

Même si le gaz est estimé moins polluant que le pétrole lors de sa combustion, politiquement, cette décision renie les orientations prises lors du « Grenelle de l’environnement » et va à l’encontre des préconisations établies à la suite des diverses conférences internationales sur le réchauffement climatique. C’est la remise en cause de la parole donnée de l’Etat lors de négociations âpres où chacune des parties s’est résolue à des compromis. Ce manquement grave sera préjudiciable lorsqu’il faudra revenir à de nouvelles négociations. La confiance n’y sera plus.

Cela augure mal pour l’industrie du photovoltaïque qui tentait de prospérer en Europe.

2.Le prix de l’indépendance énergétique

Par contre, le rapport des forces entre pays producteurs et pays consommateurs va terriblement changer. Selon certains observateurs l’augmentation de la production de gaz de schiste aux États-Unis et au Canada pourrait contribuer à empêcher la Russie, le Qatar, et l’Iran de dicter des prix plus élevés pour le gaz qu’ils exportent vers l’Europe[3].

Tout cela parce que les réserves mondiales de ce gaz représenteraient quatre fois celles du gaz conventionnel. Pour se convaincre que se sujet est hautement sensible, il suffit de se souvenir des coupures du gaz russe en route pour l’Europe dans le gazoduc passant en Ukraine. Les relations diplomatiques ne l’étaient plus trop… Même sujet d’inquiétude avec l’instabilité des nouvelles républiques d’Asie Centrale et la guerre éclair, en Août deux mille huit, entre les Russes et les Géorgiens …

Bref, l’enjeu est bien trop important pour que les considérations écologistes soient prises en considération …sauf si les populations se saisissent du dossier avant qu’il ne devienne leur problème.

D’ailleurs, déjà aux Etats-Unis, ceux qui informent et témoignent des conséquences dramatiques de ce type d’exploitation sont signalés comme terroristes

C’est dire le scandale ! Il doit bien valoir celui des OGM, des produits pharmaceutiques, ou bien AZF à Toulouse.

Mamouchka.

C’est à coté de chez vous !

http://modem60.lesdemocrates.fr/2011/01/29/oranges-de-honte/

http://cap21-picardie.over-blog.com/article-gaz-de-schiste-reunion-publique-le-8-fevrier-a-chateau-thierry-65663298.html

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Ma grand’mère et l’anti-féminisme ambiant ?

Ma grand’mère trouve très pernicieuses les divulgations des diverses études publiées récemment, à savoir :

  • que chez les chimpanzés, les jeunes mâles jouent avec des bâtons « de guerre » tandis que les femelles les transforment en « poupées » (1)
  • que les femmes diplômées ont leurs enfants sur le tard, après s’être installées professionnellement et en « font » peu (2)
  • que les femmes diplômées sont plus touchées par le célibat que celles sans études alors qu’à diplôme égal, les hommes sont très courtisés … (2)

Ce qui revient à suggérer, mesdames, que vous devez retourner vous épanouir dans vos cuisines et vous réaliser dans la maternité … Pour relancer la natalité.

ET PUIS QUOI ENCORE !

Une femme moderne ne serait-elle qu’une guenon  (à double titre ?!) égarée ?!

Moi, je sais pourquoi Dieu, dans sa grande sagesse, a créé l’homme avant la femme : pour exécuter un chef-d’œuvre il faut nécessairement élaborer un brouillon …

Pour mémoire, je vous renvoie au livre de Steven Levitt et Stephen Dubner intitulé « Freaknomics » au chapitre 5 page197 mais aussi les pages 225 et suivantes … Un pur délice !

1 :

http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/zoologie/d/les-chimpanzes-femelles-jouent-elles-a-la-poupee_26785/

2 :

http://www.carevox.fr/femmes-grossesses/article/les-femmes-diplomees-ont-moins-d

Source : revue de l’INED « Population » N°3 de 2010.

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Marianne déprime !

Et pourquoi donc, mon bon monsieur ?

Et puis, est-ce grave ?

Le moral des Français serait au plus bas; c’est un sondage qui le dit.

Dans son annonce, le journaliste de la radio insiste lourdement, visiblement troublé par cette découverte (un bienheureux dans sa bulle !), soulignant le rang de notre pays eu égard à certaines républiques caucasiennes…

C’est une étude mondiale réalisée par les instituts de sondage BVA-Gallup !

A cette annonce, deux observations s’imposent :

  • le journaliste a bien de la chance LUI, s’il ne déprime pas ! Immergé dans un milieu hostile, il exerce dans une radio d’Etat et reçois dans les tous premiers les dernières informations des diverses catastrophes s’abattant sur le monde …
  • concernant la France, fallait-il être grand clerc alors qu’il suffit de lire les journaux, regarder les chaînes d’informations et discuter avec le voisinage pour s’en rendre compte, à peu de frais ?

Ceci dit, le fait que cette démarche soit entreprise révèle l’état d’esprit des populations concernées, la conscience de soi et les aspirations de chacun.

Mais surtout, que quelqu’un ait envisagé de vérifier la « tendance » prouve qu’un « faisceau d’indices, de présomptions et d’informations » concordant parviennent à être remarquables au point d’être relayés et déclencher une « alerte » ou poser question.

Quels sont les domaines touchés par une crise capable de saper le moral des Français, réputés « bons vivants et génétiquement râleurs » (mais aussi grands consommateurs d’antidépresseurs).

J’en vois quelques uns. A tout le moins, vous trouverez : l’incertitude sur le travail, la hausse du coût des charges incompressibles (alimentation, loyers, téléphone, chauffage, carburant …) mais aussi tout ce qui ruine la cohésion sociale (dysfonctionnement de la Police, de la Santé, de l’Ecole, piliers de l’ordre régalien, garants de la démocratie et de la foi en l’avenir).

Petit arrêt sur des projections macro-économiques :

Si certains observateurs pensent que la reprise économique est en cours et va bénéficier aux « pays développés » tandis que les « pays émergents » verrons leur croissance confortée, je crois qu’ils se bercent d’illusions. En recommandant aux investisseurs de se positionner sur les valeurs boursières en affaire avec les pays émergents, ils poussent les occidentaux à investir la-bas.

Ce déplacement de richesses, investies, produites et distribuées ne va-t-il pas aboutir à nous être préjudiciable ici ? Cela revient en quelque sorte à expatrier des richesses, pour profiter là-bas de la croissance mais pour des « miettes » au bénéfice de quelques-uns d’ici… Sans parler de la controverse sur les 35 heures

Je considère que nous ne sommes pas loin de toucher le fond.

Quels éléments me poussent à le croire ?

Mon implication dans le monde associatif ordinaire.

Pourquoi ce secteur-là représente-t-il un bon indicateur ?

Parce que les associations relèvent du BENEVOLAT, c’est à dire à l’engagement gratuit, désintéressé, souvent modeste dans l’engagement (type « club de bridge » ou « joyeux pétanquistes ») et le budget (à peine quelques euros pour l’année).

Nous sommes là dans le cadre « heureux » du club de loisir, pour le plaisir d’être ensemble.

Or, du plaisir, une certaine insouciance, il n’y en a plus !

S’il est vrai qu’un même reproche perdure (« ce sont toujours les mêmes qui font tout ») couplé au constat amers du renouvellement annuels de membres pas franchement assidus, je décèle une véritable fatigue, une usure qui décourage les plus assidus et les plus entreprenants.

Je constate également une érosion inquiétante du renouvellement du « sociétaire de base » (notez au passage que les associations regroupent des sociétaires et que les sociétés disposent d’associés !).

Les raisons sont multiples et malheureusement irrésistibles : les rythmes de travail, les horaires décalés, les familles décomposées, les pathologies affectant les quadragénaires, maladies inimaginables pour cette tranche d’âge-là il y a trente ans !

De la sorte, nous touchons, à travers le monde associatif à l’empathie générale. Toute atteinte à sa diffusion tend à confirmer que le moral des plus engagés se dégrade alors même que la France tient la réputation d’avoir une population où tout le monde est « président » de quelque chose …

J’y vois là le malaise profond que cette étude révèle avec force ratio et formules mathématiques.

Et oui, c’est particulièrement inquiétant pour l’avenir.

Cela me rappelle le schéma si dévastateur d’un cabinet de consultants sur la gestion du changement : à l’annonce d’un bouleversement, après l’accablement qui le suit, vient la rébellion, la tentative de coopérer, la dépression, la fuite (démission, suicide) et/ou le rebond (reprise en main de soi et de son avenir avec une possible reconversion).

Depuis quelques années, les journalistes trouvent les Français abattus, résignés. L’automne et la réforme des retraites nous les ont présentés rebelles et vindicatifs, tout comme ceux qui ont fait le siège de leurs usines menacées de délocalisations. Les prochaines semaines, avec leurs échéances électorales pourraient révéler bien des dangers : la fuite des isoloirs ou des résultats particulièrement extrêmes … symptômes de ce mal-être.

Si cela n’était pas si grave, je lancerai les paris.

Mamouchka.

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Descartes, ta méthode fout le camps !

J’adore les repas de famille !

Les convives ne sont pas forcément ceux qui vous agréent le plus (« on ne choisit pas sa famille » dit le proverbe) mais il se présente-là une occasion formidable de prendre la température trans-générationnelle et sociale du moment.
Pour la Saint-Sylvestre, j’ai eu droit au récit par le menu du délitement de l’enseignement secondaire avec toute l’indignation d’une mère particulièrement impliquée.
Jugez-en !

Un des rejetons du clan est en 5ème. En cours de Biologie (pardon, en SVT : Sciences et Vie de la Terre), le professeur organise dès le mois d’octobre des groupes chargés de présenter un exposé sur un thème donné.

Le garçon se retrouve alors avec CINQ autres copains à devoir produire pour le dix décembre.
Il en parle à sa mère; le sujet le laisse perplexe : « la lutte contre l’obésité » … Pensez ! Nous avons là un « grand tout maigre », mesurant à 13 ans près d’1.75m pour une quarantaine de kilos et une pointure de 41 …

Une semaine avant les vacances de la Toussaint, la mère recommande à son fils de prendre les coordonnées téléphoniques des camarades afin de prévoir des dates de travail en commun.
Au onze novembre, rien n’est fait (ni par lui ni par les autres).

Quatre semaines avant l’échéance, la mère a « un coup de sang » : comme les copains sont incapables de se donner leur numéro de téléphone, elle attrape l’annuaire, le combiné et fait la tournée des familles et convoque tout ce petit monde pour le lendemain à 17h, un mercredi.
Hélas, rares sont les parents rentrés du travail à cet horaire; les enfants présents ou les répondeurs prennent le message !
C’est court mais très étonnamment, cela fonctionne et tout s’organise.
Pour les réunions suivantes, tout se complique : « j’ai sport », « mon frère vient nous voir », quand ce n’est pas la météo qui s’en mêle (la neige s’est invitée )!

Profitant d’une nécessité administrative, la mère raconte sa contrariété au principal adjoint du Collège, au gestionnaire (qui de par ses fonctions n’y peut pas grand’chose mais compatit !) et à l’enseignante elle-même (coup de chance, elle est là ce jour-là !). Elle remet le sujet à l’ordre du jour lors du conseil de classe quelques temps après.

Il apparaît ainsi :
que le groupe de SVT est composé de trois classes de 5ème qui ne se croisent en cette unique occasion par le jeu des options et de l’équilibre des emplois du temps …
que le professeur n’a pas prêté attention à cette difficulté lors de la constitution des équipes, empêchant ainsi des temps de recherches communes en bibliothèque (pardon, en salle multimédia, ce n’est plus une bibliothèque …)
qu’aucune méthode n’est fournie pour bâtir intelligemment un exposé (fond et forme) au motif qu’ « ils sont libres dans leur présentation », qu’« ils en ont déjà fait en primaire » et que seule compte leur capacité de recherche et de développement à l’oral … Malheureusement, les exposés en Primaire constituent un exercice rarement pratiqué, et plus exceptionnellement encore accompagné une méthode pédagogique puisque là encore, seul est privilégié l’oral. Parler en public, c’est bien mais pour quel contenu ?
Enfin, coté parents, certains ont découvert l’exercice à la seule faveur du coup de fil, tandis que d’autres ont commencé à négocier la participation systématique de leur progéniture. Ce dernier point a visiblement été un point d’énervement pour l’hôtesse tant à l’encontre de la désinvolture des adultes qu’à cause du renoncement durant cette période aux activités de ses autres enfants et à la nécessité d’animer les débats pour être sûre de l’avancée des travaux de chacun, sans parler des recadrages musclés pour les moins impliqués.

Finalement, la présentation a eu lieu le 17 décembre, déplacée à cause des intempéries, avec un plan en deux parties disposant chacune de trois développements, bordées d’une introduction et d’une conclusion squelettiques. Chacun des enfants avait un thème à sa charge exclusive. Une absence de travail entrainait donc un blanc dans le devoir… Pas de pitié envers les fainéants ! Il a également fallu batailler contre le trop facile « copier-coller » d’internet, obliger tout ce petit monde à résumer puis réécrire les éléments relevés en argumentant et s’assurer de la bonne compréhension des idées et du vocabulaire. Ce ne fut pas une mince affaire !

Indépendamment du comportement des élèves, de leurs parents, de l’enseignante (« je vous donnerais votre note en janvier, madame », ma parente s’est étouffée « je n’ai pas participé, je n’ai plus rien à prouver ! ») , je demeure choquée du choix pédagogique envers la présentation d’exposés.

Je m’explique.

Durant ma scolarité, des exposés, j’en ai fait, en nombres.
Ma première fois remonte à la classe de quatrième, au collège. Il s’agissait d’une intervention en cours de Biologie, sur les champignons. Cette même année, en Français, le professeur nous initiait à la dissertation (un exercice qui semble avoir disparu des programmes).

Dans ces deux matières, nos maîtres avaient pris soin de consacrer deux heures pour nous apprendre à poser le sujet, aligner puis regrouper par thèmes les idées qui venaient. Il avait ensuite fallu dégager un plan articulé et logique. Nous avions finalement élaboré l’introduction et la conclusion : Thèse – Anti-thèse – Synthèse (pour le Français), encadrées par l’introduction du sujet en six points et la conclusion, sensée ouvrir le débat sur un autre point. A la fin du cours, nous étions totalement épuisés et avions décidément trop chaud alors que nous étions au cœur de l’hiver avec un chauffage défectueux …
Par la suite, à chaque correction, nous refaisions l’exercice, histoire de nous aguerrir.

Sans revenir sur la rengaine « de mon temps c’était mieux », je constate surtout que nous prenions le temps de former mais aussi de réfléchir, c’est à dire prendre le recul nécessaire, tourner autour du sujet, émettre des hypothèses, les éprouver, puis nous présentions quelque chose de construit, de REFLECHI.

« Réfléchi » : tout est là ! C’est le nœud du problème !
Alors que j’apprenais les subtilités du raisonnement, un vif débat agitait alors le monde de l’Education.
Il s’agissait de savoir s’il fallait privilégier le dogmatisme ou préférer le pragmatisme. En d’autres termes, certains opposaient le Cartésianisme (« forcené », évidemment pour ses détracteurs) avec sa « manie de tout classifier, au risque de se déconnecter de la pratique » ( du « dilettantisme », selon l’inclination de l’orateur) à la vision anglo-saxonne évaluant le problème, la meilleure solution, les conséquences de chaque option au seul moment où l’évènement l’exige.

Actuellement, le choix pédagogique – tant pour l’exposé de SVT que pour l’enseignement des Langues (des verbes anglais sans le célèbre « to » à la forme infinitive) de la Physique, du Français (pas de dictées surprises, pas de rédaction), de l’Histoire ou du Latin (pas de méthode pour traduire avec les fonctions des déclinaisons de chaque mots) – est désormais axé sur la pratique, le quotidien, le monde immédiat.

C’est un choix politique et culturel qui permet bien des renoncements intellectuels et financiers mais aussi citoyens.

Il reflète un manque d’ambition, un manque d’anticipation, un manque d’introspection mais aussi l’aveu d’une grande peur de certaines élites de perdre la main dans un monde qui change.

Pourquoi faut-il imposer à nos enfants de découvrir par eux-même les fondements des choses ou du monde alors que d’autres, leurs aînés, sensés les EDUQUER (les guider dans leur évolution, leur maturité, leur idéal ce qui représente bien plus que de remplir leur cerveau de connaissances professionnelles) sont passés par ces stades de découverte, disposent de réponses et d’outils à TRANSMETTRE ? N’est-ce pas « réinventer la roue » à chaque fois ?

Par un raccourci surprenant, le souvenir d’une émission consacrée à la paléontologie s’est imposé à ma mémoire. Il y était expliqué que l’Homme, devenu Sapiens, prenait le temps de former les plus jeunes aux découvertes et connaissances détenues par le clan. De la sorte, les apprentis n’avaient plus à expérimenter l’acquis du groupe et pouvaient se lancer dans d’autres innovations profitables et transmissibles au groupe.

DECOUVERTE et PROGRES semblent les maîtres-mots de l’EVOLUTION qui permet de dire à chaque génération que les sacrifices ou les efforts d’hier sont profitables aujourd’hui et permettront d’améliorer l’avenir.
Il semble que cela soit ce à quoi il nous est demandé de renoncer.
Sapiens ne serait donc plus qu’un très ordinaire Habilis, selon le talent de chacun pour lui-même.

Ce choix m’est particulièrement odieux.
Les livres qui couvrent intégralement le mur du pignon nord de ma bibliothèque n’ont pas pour unique ambition de mieux isoler mon logement !

Mamouchka.

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L’eau, la vie et les profits avec la loi Oudin-Santini

Le sujet est hautement sensible : la pertinence d’un projet de coopération Europe-Afrique.
Et plus précisément, un projet de coopération entre mon patelin et un district de province du Burkina-Faso, ex Haute-Volta.

Tout a commencé de manière très ordinaire avec une facture d’eau.
Je passe en revue la consommation d’eau potable (+ 2%), le coût de son assainissement (+7%) et les diverses taxes. Je précise qu’en 2009, nous avons eu droit à une hausse des impôts locaux de 30 % !

Peu de temps après, la presse locale rapporte la décision du conseil municipal de porter à 1% une taxe sur le montant total de la facture d’eau, dans le cadre de la coopération au développement.
A ce moment, des évènements remontent de ma mémoire.

Ma ville exploite l’eau en régie depuis 1909 (source : CRTDC 2002) et a mis en place une taxe en faveur d’une action de coopération entre 1991-1998 (source : CRTDC 2002 et mes factures !) avec une région d’Afrique.
En 2002, cette « bonne œuvre » est remise en cause par la Cour Régionale des Comptes dans un rapport, au motif qu’à défaut de texte législatif l’autorisant, cette taxe est illégale. D’ailleurs, la jurisprudence de la Cour des Comptes de Paris est constante : « l’eau paye pour l’eau », et rien d’autre.
En réponse à ce rapport, la municipalité de l’époque (UDF-RPR) rappelle la suppression cette taxe par décision du conseil municipal d’avril 1998 … oubliant de préciser que le Tribunal Administratif l’y avait contraint.
Pourtant, l’aide du jumelage continue, puisque le rapport d’un bureau d’étude de Ouagadougou cite l’aide de ma ville en 2004.
Avec le changement de l’équipe municipale (désormais PS), voilà qu’il est prévu de passer sous le régime d’une loi du 9 février 2005 n° 2005-95 dite « Oudin-Santini ».

J’ai alors l’impression que s’opère un recadrage pour retrouver la légalité et je m’en réjouis. C’est d’ailleurs le deuxième fois que la nouvelle municipalité redresse une situation jusqu’à présent « hors des clous », pour le seul dossier de la régie de l’eau …

Passé le temps de la satisfaction, je cherche à en savoir plus :
Que dit la loi n°2005-95 du 09/02/2005 dite « Oudin-Santini ,
Quelle est l’assiette du prélèvement de 1% comparativement à l’ancienne taxe ?
Et quelles sont les implications pratiques de cette coopération :
– quels travaux seront ainsi financés
– qui va les superviser
– qui va les réaliser
– quelle est la durée de vie de cette taxe …

Concernant cette loi, j’ai lu les débats parlementaires de l’époque, notamment l’intervention de monsieur Santini (avec un passage remarquable au point 2 a, et le dossier législatif complet de l’époque).
Il s’agit d’une proposition de loi du député (en ce temps-là) André Santini et du sénateur Oudin .
Les débats portent ouvertement sur la nécessité de voter ce texte au motif qu’il favorisera l’essor à l’international de nos entreprises, « leaders mondiaux », dans l’activité de l’eau (adduction grâce aux marchés publics et gestion pour le compte des collectivités par le biais des DSP).
Avec la taxe de 1% sur l’ensemble des ressources du service de l’eau décidée par les collectivités locales, ainsi que sur le budget de l’agence de l’eau, au niveau national ou local, au nom de la solidarité Nord-Sud, les « trois sœurs » ( entreprises de l’eau, mondialement implantées et maitresses des contrats de DSP de l’eau en France) profiteront du marché de la coopération par jumelage ou non, via des appels d’offres ou non … et parfois même, avec le versement de subventions européennes.

Pour faire simple, avec cette loi, ma facture locale d’eau, service public, permettrait la réalisation de bénéfices d’exploitation à des entreprises privées.
Et je n’envisage même pas, dans d’autres collectivités, les problèmes de fin de contrat de DSP où les dédommagements pour rupture ou non renouvèlement de contrat peuvent trouver un « arrangement » avec une telle taxe au profit de l’ancien concessionnaire devenu bénéficiaire d’un contrat de travaux publics (élégamment appelé « contrat de portage ») dans le pays bénéficiaire du jumelage.

Il me reste à connaître le montant de ma « contribution » à titre personnel (l’assiette serait la facture, avec 1% de taxe) et quel sera le montant total « récolté » par la Régie.
Interrogé par la presse, le conseiller municipal (vert) en charge du dossier envisageait une fourchette de 60 000 à 80 000 €. C’est très différent des quelques 15 000 € (pour 2 centimes d’Euros par mètre-cube) de l’ancienne taxe « sauvage ».
A contrario, il devient possible d’évaluer la facturation faite aux administrés pour la redevance de l’eau en général (99% restant).
Depuis 2006, date de promulgation de la loi, la taxe est inchangée, mais si les affaires sont moins profitables, la tentation de revoir le taux pourrait être grande …

Il faut noter que cette loi représente une « abomination » pour nombres d’intervenants associatifs ou politiques alors que d’autres y voient un outil supplémentaire de financement …

Quel usage en a-t-il été fait au temps de « l’illégalité » ?
Après le forage de puits des premières années, les comptes restent muets, plus RIEN ne fut entrepris. D’ailleurs, la Cour Régionale des Comptes faisait observer : « Aucun rapport n’a par exemple été présenté devant la commission consultative sur l’eau. » et pour cause, « la commission consultative de l’eau et de l’assainissement, instituée en 1997 et composée de quatre représentants de la ville et de huit représentants d’associations d’usagers, dont le rythme biannuel des réunions n’est pas respecté (aucune en 1999 et une seule en 2000). »

Maintenant, passons au projet de coopération.

J’ai le souvenir d’une visite estivale, en grandes pompes, dans ma commune, en Septembre 2008, de monsieur le Consul en poste à Paris entouré d’officiels de tous bords et des deux continents. Une délégation était ensuite partie redécouvrir la brousse. Rétrospectivement, je comprends qu’il s’agissait alors de formaliser une coopération renouvelée.

Cherchant à connaître ceux avec qui ma ville est jumelée, j’ai découverts une région sud sahélienne avec un district de province et sa cité homonyme implantée dans la boucle d’un fleuve au lit marécageux. Dotée d’un barrage et d’une retenue d’eau, une agriculture maraîchère s’est développée. La coopération a favorisé la création d’écoles et le forage de puits.
Mais mon patelin n’est pas seul dans le jumelage. Une ville allemande y est associée. Les fonds de coopération sont donc « bi-nationaux » et européens.
Quelle est la hauteur de l’engagement germanique ? Mystère.
Quel sera l’usage des sommes cumulées (coopération des deux villes abondée par les subventions européennes) ? Nouveau mystère.

Vouloir apporter l’eau potable et permettre son assainissement est important. C’est un facteur de sécurité sanitaire pour les populations : c’est la fin des maladies digestives dues à l’eau souillée, facteur de sur-mortalité.
Techniquement, quelles solutions seront apportées ?
Sous nos latitudes, une station de captage, un traitement de l’eau, une distribution par canalisation puis un traitement à la station d’épuration avant le rejet en rivière est un schéma classique.
Là-bas, il faut compter avec une urbanisation sans POS, des pistes à la place de routes goudronnées bordées de trottoirs.
Et il ne faut pas oublier la saison des pluies.
Quatre mois durant les trombes d’eau ravinent régulièrement le sol, coupant routes et ponts. Comment résisteront les installations ?

Sans doute est-il alors envisagé un système plus souple, plus simple et malgré tout très efficace ?
Je pense ainsi aux puits chargés de pastilles de chlore, aux bassins d’eaux usées curables annuellement, ainsi qu’aux SPANC (Service Public de l’Assainissement Non Collectif) qui se mettent progressivement en place dans nos campagnes, voire aux stations d’épuration par lagunage avec bassin filtrant d’iris et de roseaux, selon les principes de la phytoremédiation.

Ceci-dit, qui sera le maître d’œuvre, décideur et commanditaire des travaux ?
Sauf à jouer les « colons », je m’imagine mal les Burkinabés dessaisis de ce droit.
Qui effeuillera le chéquier, qui honorera les factures ?
Un rapport, encore un, émanant du Service d’Appui à la Gestion et au Développement des Communes (service du Burkina Faso), envisage la création d’un comité de jumelage sur place établissant les besoins et la gestion des fonds reçus dans le cadre de la coopération.
Là, franchement, si techniquement je comprends et approuve la démarche, financièrement, je suis inquiète : des blogs de journalistes locaux dénoncent régulièrement des « irrégularités » et des détournements de fonds « ordinaires », sans possibilité pour la Cour des Comptes du cru de procéder à des sanctions… de l’aveu même de cette juridiction.

De plus, au Burkina, l’organisation territoriale des collectivités locales est en cours de réforme.
Jusqu’à récemment, le Préfet de la région s’occupait des communes, toutes dépourvues de maire et de conseil municipal. Les choses évoluent progressivement mais une étude fait observer qu’il sera culturellement difficile d’installer des municipalités efficaces et dévouées si le logement sur place de ces équipes n’est pas prévu ! … Nous sommes en pleine aberration avec un pouvoir local qui se trouverait ailleurs ! Que deviennent la proximité et l’engagement local ?
Enfin, il faut savoir que le Président de la République a été élu à l’automne 2010, reconduit par le suffrage universel direct.

Reste donc le soucis du financement avec la validation du projet, sans même parler de malversations …

Enfin, pour revenir au sujet côté français : qui réalisera les travaux, comment sera attribué le marché ?
En Europe, un appel d’offre serait nécessaire pour réaliser un marché public; qu’en sera-t-il là-bas ?

De façon plus immédiate et terre-à-terre, combien de temps durera la taxation ? La taxe disparaitra-t-elle lorsque l’eau et son épuration seront mise aux normes, sur place ?
Pour l’instant, rien ne filtre (si je puis dire) !
Malgré tout, ici, lors d’une réunion de quartier en novembre 2010, une présentation au vidéoprojecteur évoque le projet d’une nouvelle tarification du service de l’eau afin de soulager pour les premiers mètres cubes, la facture de tous.
Il s’agit peut-être là d’un moyen de rendre moins pénible une facturation alourdie par le 1% de la taxe ?

Parce que d’un point de vue purement « comptable », taxer l’eau pour un projet coopératif me paraît délicat, surtout à la lecture de la jurisprudence qui prévalait avant la loi de 2006.
D’autant qu’une taxe représente un prélèvement plus lourd pour les plus faibles revenus.

Quant à la comptabilité publique locale, elle n’organise pas le système de la coopération. De ce fait, il faut développer des trésors d’ingéniosité pour organiser son financement. Il s’agit alors soit de gérer en direct la coopération Nord/sud, soit monter un comité de jumelage spécifique ou aider selon une proposition de projets par diverses associations. Tout ceci est parfois source de difficulté de traçabilité et de contrôle du bon usage des fonds.

Ma commune semble disposer d’un service « relations internationales » qui suppose une gestion directe du projet … à travers divers comités de jumelage, inscrits au budget général municipal pour l’attribution de subventions municipales..
Ce n’est pas plus mal : toute dépense doit ainsi être validée par un vote du conseil municipal.

Selon les Recueils des Actes Administratifs de février 2009 et Avril 2010, le budget du comité de jumelage avec Garango est gelé à hauteur de 30 000 € environs depuis 2009. Sa dernière subvention date de 2009, à hauteur de 3000 €.
Par contre, il y a eu cette même année 2009 de nombreuses réunions avec l’organisme Citées Unies France pour mettre en place une coopération dynamique, ciblée et concertée avec l’ensemble des comités de jumelage en France, les représentants locaux du Burkina Faso et diverses ONG, sans oublier le ministère de la coopération. De nombreux documents de travail mis en ligne et au format pdf en témoignent.

Quant à l’efficacité du projet, un rapport des services de la coopération française, datant de 2009 et consacré au Burkina Faso, ne pousse pas à l’optimisme pour une bonne compréhension et une aide mutuelle entre les peuples! Il y a des « relents » et des « rancœurs » sans doute issus de la période coloniale. C’est décourageant pour les « bonnes volontés » et désespérant pour les envies d’aboutir !
Nous assistons également au choc des cultures.

L’enfer est pavé de bonnes intentions, nous dit-on. Il est également vrai qu’il n’est pas possible de sauver les gens malgré eux.
En attendant, je paie mon eau plus cher alors que j’aurai espéré que « charité bien ordonnée, commence par soi-même ».

Mamouchka.

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