Quand l’idéologie se heurte à la pratique

Revenant de mon lopin de culture Bio, je croise un jardinier du service des espaces verts de mon patelin.

Longeant un massif d’arbustes, il semble saupoudrer la terre d’un produit safrané.

Intriguée, je m’approche.

Inquiet, sur la défensive, il m’explique qu’il répand une poudre antigerminative sur le sol nu, gorgé d’eau. Il précise qu’il procède de même le long des murs et autres clôtures grillagées, des arbres et toutes sortes de poteaux.

Ainsi, il fait gagner un temps précieux à ses collègues, dispensés du passage du « Rotofil » lorsque le temps de la tonte est venu.

De fil en aiguille, la confiance s’installant, il disserte sur la diminution drastique de l’usage des produits phytosanitaires dans son service.  2/3 de produits en moins en l’espace de dix ans, une sélection de zones d’exemption afin de préserver la biodiversité (Talus et zones humides, mares, bassins d’orages) mais aussi sur des surfaces imperméables (goudronnées) pour que le ruissellement n’entraine pas intégralement le produit dans les égouts, jusqu’à la station d’épuration.

Revenant sur le choix des produits et leur dangerosité, il insiste sur la rémanence des molécules.

L’atrazine, utilisée autrefois en agriculture se retrouve dans les sols, plus de vingt ans après son interdiction. Sachant qu’une pulvérisation dispose d’une rémanence de cinq années et qu’à chaque printemps les exploitants agricoles l’épandaient…vous imaginez bien que les sols et l’eau en contiendront encore pour un longue période !…

Maintenant, le produit qu’il utilise ne « dure que » trois semaines… Béni soit le « Glyphosate » de qui vous savez !

Pourtant cette formule chimique en s’écoulant dans les rivières nuit gravement aux organismes vivants (affection des voies respiratoires et orientation des genres).

Arrive le moment crucial du choix de l’équipe municipale en faveur du « tout écolo’ »…

Gène, puisqu’il faut parler du « patron ».

Avec quelques précautions oratoires, je tente une observation critique par le biais de l’anecdote suivante :

Ecolo’ fraichement promus aux espaces verts, nos élus décidèrent de l’interdiction sur la voirie de tous recours aux produits phytosanitaires. Ils exhortèrent même les riverains à biner leurs trottoirs et à traquer l’herbe folle.

Connaissant mes voisins, je fais alors observer : soit ils manquent de temps parce qu’ils travaillent, soit leurs articulations sont grippées… Dans tous les cas, ils verseront du « chimique » pour retrouver durablement et sans effort l’esthétique de leur rue… Cela constituera l’effet contraire espéré !

Mon jardinier acquiesce, mal à l’aise.

Il insiste lourdement sur le choix et la responsabilité des élus, ses employeurs.

Il regrette également le manque de considération pour les « hommes de l’art », ceux qui savent et pratiquent… après six ans d’études horticoles et formations continues.

Il veut absolument que je comprenne que le recours à ces produits facilite et soulage le travail de ses collègues…

De fait, comment procéder avec pertinence sur trente hectares d’espaces verts avec huit personnes ?…

Mamouchka.

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Une réponse à Quand l’idéologie se heurte à la pratique

  1. Marie THUREAU dit :

    J’ai observé le travail « écolo » des employés de la ville sur le trottoir, en face de chez moi…

    Les employés municipaux se pointent donc régulièrement, à la belle saison, avec un chalumeau pour une opération qui me semble interminable, sur chaque brin d’herbe ! Le résultat est… impressionnant. Trois semaines plus tard, c’est comme si rien n’avait été fait.

    Quant au trottoir, cela fait au moins vingt ans qu’il aurait dû être refait, ce qui éviterait un tel entretien !

    Avec du petit matériel de jardinage, et un peu d' »huile de coude », mon espace de trottoir est plus rapidement nettoyé pour un effet plus durable. Il va falloir que je songe à demander une rémunération à notre maire.

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