La crise n’est pas grecque.
Sinon, cela signifierait que le pays a des difficultés spécifiques, non délocalisables.
Oui, le pays tiens mal ses finances. Oui, il a « magouillé » mais ce n’est qu’un prétexte !
La crise est apparue au lendemain d’élections parlementaires anticipées pour cause de politique ultralibérale et de relations répressives et policières avec la population.
La crise a débuté en Grèce par l’opportunité de circonstances favorables.
La crise est née d’une entreprise de sape massive envers un gouvernement soucieux de la question sociale, avec « les marchés » et les agences de notation qui exigent la rigueur budgétaire, le renoncement à la solidarité sociale et la déréglementation du droit du travail.
Il s’agit donc d’un moyen pour des « perdants politiques » et leurs « clients » d’imposer leur idéologie au mépris du résultat des urnes.
C’est une guerre contre la démocratie.
En obligeant, via le FMI, via des prêts bilatéraux, à la rigueur et à l’austérité (par des mesures auxquelles le peuple n’adhère pas), la capacité de la zone Euro à protéger des aléas monétaires les Etats-membres est remis en cause. Ces mêmes prêts bilatéraux entre Etats-membres « riches » envers les plus « fragilisés », couplés à l’idée d’exclure la Grèce et d’autres de la zone Euro est une remise en cause pure et simple de la monnaie communautaire, symbole d’un projet social et politique.
C’est une guerre contre l’Euro, symbole d’un droit régalien.
Il y a donc une atteinte à l’existence même de l’Europe et à la souveraineté des Etats qui la composent, des Etats membres désireux de s’associer à un projet de société, commun à un continent, ou presque, dont l’Euro est le symbole le plus fort.
C’est une guerre politique contre l’Union Européenne, qui tente de passer à une vitesse supérieure depuis la mise en œuvre du Traité de Lisbonne.
Car, quel pays à l’avenir, sera tenté par l’aventure communautaire si la monnaie n’est plus largement pratiquée et que la politique de change n’est plus protectrice ?
Quel état souhaitera s’engager dans un processus d’harmonisation juridique si son économie n’en profite pas ?
Quel gouvernement osera s’engager s’il ne se sent pas soutenu par ses coobligés ?
Ceci posé, ce sont deux visions de l’Europe qui s’affrontent dans une guerre sans canon qui risque de s’achever dans un bain de sang.
Pour l’emporter, il ne faut pas renoncer à l’Union de l’Europe, si chère aux pères fondateurs, et faire prévaloir les valeurs humanistes sur les marchés.
Le plus révoltant est que ces spéculateurs aggravent notre situation, que cette crise est celle de leur système, que nous les avons « sauvés », qu’ils recommencent leurs pratiques et s’attaquent à nos états comme de vulgaires entreprises délocalisables, dépeçables par « appartements », entraînant le désespoir des populations et le retour du nationalisme …
Mamouchka.
A lire également :
http://www.lesechos.fr/info/analyses/020523670881-jeunes-traders-et-vieux-grecs.htm?xtor=RSS-2128
Vous avez tout à fait raison, la force de l’Europe, sa solidarité doit empêcher les nationalismes et autres intégristes. Dans le système de marché ouvert globalisé, une tendance probable est la dislocation géopolitique mondiale et un retour à des forces continentales (EU, USA, Chine, Inde…) plus auto centrées en raison des crises. Le focus sur la Grèce permet aussi de masquer les situations beaucoup graves (en taux et valeurs) des USA et GB mais les agences de notations sont US et GB…
Philippe