Au détour d’une recherche, j’ai découvert l’éditorial d’une société de gestion de portefeuille.
J’ai cru étouffer d’indignation !
Du coup, j’ai voulu savoir si l’analyse était isolée ou générale à la profession.
J’ai également souhaité comprendre leurs arguments.
J’ai donc fait un tour d’horizon des maisons ayant un site internet.
Pour l’éditorial à l’origine de mon enquête voici son contenu dans les grandes lignes :
En substance, l’Europe est une zone où il n’y a plus d’affaires à faire, trop en « ruine », politiquement sclérosée par son idéologie ringarde de « prévention » (au sens « être avertie de » et « contre » …, bref, « hostile ») envers le monde économique.
D’ailleurs, la maison s’engage à placer les fonds généreusement confiés par les clients dans la zone asiatique et dans les autres pays émergents en prenant position sur les dettes extérieures, les dettes locales et les emprunts privés émergeants.
En Europe, seront privilégiées les entreprises exportatrices bénéficiant de la faiblesse de l’Euro alors que tout les secteurs régulés, non délocalisables surtout (l’auteur de l’éditorial en fait un vice rédhibitoire) seront mis à l’écart pour cause de la prévisible hausse de la pression fiscale…
L’Europe est directement mise en cause avec le laxisme de ces gouvernements, cachant leur médiocrité et leurs fautes derrière l’Euro.
Le ton est résolument libéral.
Le marché avait prévenu, le marché a raison.
Il faut casser la rigidité du marché du travail, renoncer à la solidarité sociale, revenir à une drastique rigueur budgétaire.
Les mots sont violents envers les règles à détruire et envers ceux qui s’en réclament !
Martelage des dogmes qui à force d’être répétés, finiront peut être par convaincre, une tentative d’endoctrinement ?
Mais cet endoctrinement s’adresse autant à son auteur (dans une sorte de méthode Coué) qui ânonne les exigences « du marché » à l’occasion de la crise « grecque », qu’à ceux qui le lisent (là, c’est plutôt incantatoire !) et le colportent !
J’ai donc fait le tour des autres maisons de la place, pour comprendre.
Décidément, elles sont toutes issues des mêmes écoles de commerce et autres universités de renom !
Il faut voir les profils des établissements et de leurs « conseillers» !
Cela commence avec les établissements bancaires qui proposent une agence ou une banque privée dédiée à leurs plus gros clients, afin de mieux placer des produits « maison » (« grand-public » mais avec une mise de fond – et des frais – plus substantielle).
Puis, des conseillers en gestion, fiscalité et placement, proposent les services de leurs « petites entreprises ». Ils disposent des produits clefs en mains, élaborés par d’autres.
Enfin, les sociétés de gestion, plus ou moins importantes, franchisées ou non, avec associés.
Nombres d’entr’elles placent des produits, rares sont celles qui en élaborent.
A la lecture de leurs bulletins d’information, pas d’analyses qui se démarquent. Elles reprennent et répètent plus ou moins bien les recommandations des agences de notation ou de grands établissements.
A mon sens, c’est affligeant en terme de « créativité » et d’originalité.
C’est également le reflet de cette « pensée unique », libérale, au gain immédiat, sans esprit critique pour le système dans lequel elles évoluent et envers les pratiques dont elles abusent.
Je demeure consternée !
Et puis, miracle, une lettre annuelle d’information se détache du lot !
Figurez-vous qu’un fondateur de société de gestion explique que sa profession va mal, malade de ses mauvaises habitudes et pratiques, tout comme « les marchés ».
Il accuse pèle mèle :
-
le poids excessif des services financiers dans l’économie, hypertrophié, qui s’accompagne du déclin de la culture d’entreprise. Sans oublier que le « marché » mord la main qui l’a sauvé !
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des approches du risque et de la valeur ajouté erronées, avec les « dérivés de crédit » et autres « log-normale », issues d’études universitaires nord américaines des années 50-60, avec des résultats totalement déconnectés de la réalité, mais belles comme un dogme.
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les bulles en attente d’éclatement dans le secteur de l’immobilier commercial pour cause d’apurement des passifs enregistrés à la suite de la crise des subprimes, le gonflement de l’encours des Hedge-Funds, l’accumulation de prêts LBO (Leveraged Buy Out)
Il déclare donc chercher des entreprises solides, sérieuses et gérées par leurs fondateurs (ou des dirigeants expérimentés avec une implication de leur patrimoine) dotées de solides structures financières, des positions concurentielles fortes et durables…
Je vous avoue que là, je me réconcilie avec la profession !
Quel dommage qu’il n’y ai eu que cette société à le dire !
Mamouchka.
Lectures complémentaires :
http://www.amf-france.org/affiche_page.asp?urldoc=societegestion.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Leveraged_buyout
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vous-avez-aime-les-subprimes-vous-44874
Le pdf qui me réconcilie avec des membres de la profession : ici.